Enregistrer dans la rue, retour d'expérience
Parfois quand, comme moi, on a de nombreuses années d’expérience, on pense un peu trop tout savoir. Donc, règle numéro un, commencer par se méfier de soi-même.
Quand j’ai lancé mon podcast Curieuses Découvertes, après environ trois mois d’écriture, je décidai d’aller enregistrer dans les rues de Paris. C’est un peu la fleur au fusil que je suis parti. J’avais écrit toute une saison, onze épisodes. J’ai pensé qu’il me serait facile d’enregistrer environ cinq épisodes dans la journée. Chaque épisode correspondant à environ quinze minutes de texte, ça devait le faire… Quand j’enregistre, en général, trois prises maximum suffisent. Comme là, c’est mon texte, c’est mon rythme, c’est mon vocabulaire, ça va rouler.
J’ai tout bien fait comme je le conseille à mes stagiaires. J’avais beaucoup place sur ma carte SD, une carte de rechange au cas où, des piles neuves et un jeu de piles de rechange. Mon câble de micro était testé, j’avais imprimé mon texte. Que pouvait-il m’arriver ?
Je n’avais pas imaginé qu’un matin à 10 heures, il y aurait tant de touristes. Ils sont fous ces gens ! Pourquoi sont-ils déjà rue de la Huchette à cette heure-ci ? On vient ici pour manger et pour aller au théâtre ou au club de jazz ! Normalement le matin c’est calme ! J’étais venu en repérage un jour… Et c’était calme. Mais le jour J, pas du tout. Ça tombe bien, mon podcast est immersif et je veux qu’on entende l’ambiance mais j’avoue que là, c’était un peu trop animée. En quoi cela peut-il être gênant ? Pour le montage évidemment. Si je dois couper dans une phrase que j’ai enregistrée, si l’ambiance sonore en arrière-plan dure, comme une voiture qui passe par exemple, la coupe va s’entendre. Et comme je l’ai dit dans l’article précédent, un bon montage est un montage qui ne s’entend pas. Alors que faire ? Eh bien, attendre le moment propice en fonction des gens qui passent, des véhicules et autres éléments de l’ambiance sonore qui peuvent arriver.
Puis je me suis posté au bout de la rue de la Huchette. J’ai voulu reprendre l’enregistrement pile au moment où un monsieur extrêmement motivé a décidé de mettre en route son… marteau piqueur ! Que faire ?
J’ai marché, j’ai cherché un lieu où la circulation et la population permettait d’avoir un environnement sonore identique sans le bruit du marteau piqueur. Je me suis déplacé de 200 mètres et j’ai enregistré en disant que j’étais place du Petit Pont. Je la voyais d’où j’étais mais c’est tout. Il faut parfois savoir s’arranger avec la réalité.
Il y a autre chose que je n’avais pas anticipé. J’avais prévu de lire mon texte en avançant comme pour une visite guidée. J’ai vite revu ma copie avant de télescoper tous les passants. J’ai donc fait des haltes pour enregistrer en me calant dans un coin pour éviter le bruit des conversations des passants. Mais comme ensuite, j’ai fait des sons seuls (voir article précédent), j’ai pu rajouter des bribes de conversations pour rendre l’ambiance plus réelle.
Enfin, je n’avais pas pensé à une chose. Marcher autant et parler, au bout d'un moment, ça essouffle un peu, et le souffle c'est quand même assez important pour parler. Alors il faut faire des pauses.
Cela m'a servi de leçon. Résultat, ce ne sont pas cinq épisodes que j'ai enregistré mais seulement deux. Et l'exercice demande tellement de concentration à tous les points de vue que je n'ai jamais fait plus que deux épisodes par journée d'enregistrement. Comme on dit chez moi, on n'a pas un métier facile ! ;p
Olivier