Je remarque de plus en plus de montages faits « à la serpe » dans des podcasts. Même, et c’est le comble, dans ceux qui sont parmi les plus écoutés. Je me demande souvent pourquoi. Pourquoi, alors qu’on a une audience significative et que le fond du propos est intéressant, il faudrait délaisser la forme.
Souvenez-vous, lors de l’arrivée de Youtube, les Youtubeurs face caméra ne faisaient pas de plans de coupe. Ils n’avaient d’ailleurs certainement pas connaissance de leur utilité, et faisaient des montages avec ce qu’on appelle en montage vidéo des jump cut. Finalement, ce type de montage est devenu une sorte de norme, plus personne n’est gêné par ce type de montage et pourquoi pas ?
Dans le son, il y a beaucoup de fausses idées reçues chez les novices. Il faudrait que, quand quelqu’un parle, il n’y ait aucun son derrière ? Pire, qu’il n’y ait aucun son entre les phrases ! C’est pour cela qu’on coupe les blancs entre les mots. Les tutos pullulent sur le web à ce sujet. Hérésie ! C’est aussi laid à l’écoute que le serait un détourage à l’arrache sur fond vert avec des couleurs baveuses, mais ça semble vouloir devenir la norme. Et ce serait vraiment dommage.
Au cinéma, sur le plateau, à la fin d’une séquence, l’ingénieur du son fait un son seul de quelques minutes. Il s’agit d’enregistrer le silence du lieu. Car oui, le silence, ça s’entend, et le silence de votre salle à manger n’est pas le même que celui de votre chambre à coucher. Les sons seuls permettent justement de rajouter de l’ambiance sonore silencieuse quand une partie est coupée. En effet, un silence total entre deux parties de dialogue ferait un effet inesthétique et surtout un vide qu’il faut donc combler. C’est nécessaire pour accompagner l’image.
Mais pour un podcast, notre image, c’est le son. En formation, je conseille toujours de prendre, dès le début, l’habitude d’enregistrer des sons seuls. Vous n’imaginez pas à quel point cela vous rendra service. Même l’ambiance sonore d’un studio n’est pas égale au néant, il est donc inconcevable de couper les blancs. C’est à l’enregistrement que l’on doit faire attention à ne pas avoir trop de soucis de bruits parasites pour éviter d’avoir à les gérer au montage. Mais surtout, le plus important est de garder l’ambiance du moment de l’enregistrement. Tout aussi important, il faut garder les respirations. En coupant les respirations de vos interlocuteurs ou les vôtres, vous devenez des IA, vous n’avez plus l’air vivant, n’oubliez pas que le souffle c’est la vie.
En coupant les respirations, vous privez également votre auditeur ou votre auditrice des quelques centièmes de secondes nécessaires pour assimiler vos propos.
Souvenons-nous d’une chose enfin, et c’est la seule règle, un bon montage est un montage qui ne s’entend pas. Si on entend les coupes, si on s’aperçoit qu’il y a des vides ou qu’on a peur que celle qui parle s’écroule car elle ne respire pas, c’est raté.
Olivier
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